mardi 22 août 2017

Vilnius, le 22 août

La Lituanie est le dernier pays de la région convertie au catholicisme. Au XIVe des Juifs persécutés ailleurs en Europe vinrent s’établir ici. Au XVIe débuta l’union politique avec la catholique Pologne qui dura 300 ans. Au XVIIIe et au XIX la communauté juive, très éduquée était la plus importante de Vilnius.

La grande majorité venait d’Allemagne et d’Europe de l’est. Des Juifs ashkénazes. Quand Napoléon passa par ici, en route pour Moscou, il parla de la Jérusalem du Nord. Ils vendaient de tout mais au XVII les marchanda catholiques polonais leurs interdirent d’avoir une place de commerce fixe. Débrouillards ils se mirent à faire de la livraison à domicile et de se promener avec des chariots de commerce ambulants.

Au début de la deuxième guerre il y avait à Vilnius 40% de juifs, 35% de polonais, 20 % de russes et seulement 2 % qui parlaient lituanien. Le yiddish était la langue la plus parlé avant 1939, aujourd’hui langue morte est étudiée à l’université de Vilnius.

Après une occupation russe d’une année, le pays fut occupé par l’Allemagne nazi pendant deux ans.
Du 6 septembre 1941 au 23 sept 1943 il y avait deux ghettos dans la ville Le petit ghetto comptait environ 14 000 personnes inaptes au travail, il n’exista que pendant deux mois et ils furent tous exécutés dans le bois de Paneriai à 10 km de la ville. C’est dans deux tranchés et une dizaine de fosses qu’ils exécutaient leurs victimes, une voie ferrée y permettait un transport facile.


Dans le grand ghetto, vivait 30 000 à 35 000 personnes. Les deux ghettos étaient séparés par le rue Allemagne qui ironiquement portait ce nom depuis très longtemps.

Dans le ghetto un administrateur juif gérait la vie quotidienne, pris entre l’arbre et l’écorce il était détesté autant des Juifs que des Allemands. À la fin il fut aussi exécuté par les nazis.

Gérer les familles était une tâche délicate, les nazis acceptaient deux enfants par famille, les suivants étaient de trop et donc éliminés. Les familles avec un seul enfant en prenaient souvent un de plus pour lui sauver la vie.

Le Main Jewish Council s’occupait de la santé, de l’éducation et surtout du travail. Le point de vue de l’administrateur était : Il Faut faire ce qu’il faut pour survivre, travailler et être productif.

Dans le ghetto, la communauté tentait d’organiser une vie la plus normale possible. Il y avait un stadium, un théâtre très populaire, même chez les Allemands, toujours à guichet fermé, une bibliothèque parmi les meilleurs d’Europe en littérature juive. Cette bibliothèque devrait un jour abriter le musée de l’holocauste. Il y avait même une prison.

La prison
Le 13 novembre 1941, trouvant qu’il y avait trop de monde dans le ghetto, les Allemands cueillirent ceux qui sortaient du théâtre (1 200) pour les tuer. La majorité des usines juives étaient dans le ghetto, mais certaines hors Une seule porte en bois, très primitive et laide assurait le passage. Aucun contact avec la population locale n’était permis, cependant les ramoneurs de la ville, tous Juifs, étaient privilégiés et pouvaient plus facilement exercer de petits trocs.

Le 23 septembre 1943, voyant l’avance inévitable de l’armée rouge, terminèrent le travail et appliquèrent sans réserve la solution finale.

Les Lituaniens non Juifs ont beaucoup collaboré avec les nazis, un livre écrit par une vieille dame révélant les faits en nommant des noms fit un petit scandale.Encore aujourd’hui ils sont beaucoup volubiles pour parler des crimes soviétiques que de ceux des nazis.

Pendant l’occupation allemande, la communauté juive fut exterminée à plus de 95%. Environ un millier survirent. Une vieille femme de 90 ans+ vit encore aujourd’hui et est une mémoire vivante de cette époque.

Pendant la période soviétique 1943-1991 tout au sujet des Juifs était tabou.

Si un temps il y avait une centaine de synagogues dans la ville il n’en reste qu’une seule fréquentée par une communauté venant de diverses régions de l’ex URSS et qui parle russe. Ils sont divisés entre juifs orthodoxes et traditionnels et se disputent le contrôle de la seule synagogue.


De cette période il reste peu de choses et toutes forts discrètes. Le nom de certaines rues et d’autres avec une inscription en yiddish et en hébreu.


Quelques bâtiments historiques, plutôt délabrés : de la grande synagogue du XVII qui pouvait contenir 3000 personnes, il ne reste que le sous-sol et seul les archéologues peuvent la distinguer.
Au-dessus les soviets ont construit une garderie d’apparence épouvantable.

Le site du Main Jewish Council et de la belle bibliothèque est encore debout mais dans un mauvais état.

Quelques petits rappels de juifs connus sont également dissimulés dans le secteur des anciens ghettos. Mentionnons un buste de Vilna Gaon (1720-1797), un grand sage et un analyste de la Torah et du Talmud et une statue du bon docteur Tsemakf Shabad, qui fut sculptée en 2007. Les inscriptions sont en quatre langues, mais la partie russe ne fait pas mention qu’il était juif.


Dans l’ancien quartier juif, les Soviétiques ont installé d’affreux logements sociaux, même si le coin s’embourgeoise graduellement, c’est loin d’être riche.

Il ne reste vraiment que l’actuelle synagogue bâtie au XV. Très endommagée pendant la guerre elle servit d’usines sous les soviets. Rénovée elle est le seul bâtiment juif imposant.

Après cette intéressante marche guidée dans l’avant midi, on fait une petite tournée vers la rivière Neris.


Loin d’être riche, Vilnius est moins touristique, moderne et artificielle que les autres capitales baltiques. On croise des églises catholiques, qui sont loin de la splendeur d’autres visitées ailleurs et le site des barricades, en 1991 fut installé pour défendre le parlement Letton contre le dernier sursaut des soviétiques contre l’indépendance.



En face de la superbe bibliothèque nationale, des inscriptions relatent la grandeur ancienne de la Lituanie. En 1263, sous le roi Mindaugas elle était le plus grand pays d’Europe et s’étendait de la mer Noire à la Baltique. Elle couvrait 200 000 km-carré et comptait 400 000 personnes. Puis elle rétrécit comme peau de chagrin et fait maintenant 65 000 km-carré et moins de 3 000 000 de personnes. 


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